CRITIQUE EN TOC

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On the road again - La route


Mercredi tranquille, j'ai achevé les tâches que je m'étais imposées, et voilà que je constate qu'il me reste le temps de lire un bouquin avant d'aller me coucher. Vite, je me saisis de La Route, de Cormac McCarthy, prêté par un pote à qui je l'avais offert dans le but qu'il me le prête (je suis diabolique - mouahahahahah), et, sur son pressant conseil, je me lance.

Un homme et son fils fuient. Fuient la cendre, fuient les cadavres, fuient les vivants. C'est que... la fin du monde s'est produite, les animaux ne sont plus légion, les supermarchés sont fermés, et la perspective de déguster une petite cuisse d'enfant est devenue fort réjouissante dans ce monde dévasté. Dès lors, l'homme fait tout ce qu'il peut pour protéger son petit et assurer leur survivance commune. Ils se dirigent vers le sud, vers une vie meilleure, pense l'homme. La route va être longue...

 + ce que j'ai aimé dans le livre :

-Pas d'interruption. Pas de découpage chapitré. Pas de saut de page. Pas de signes de dialogues. La litanie des survivants est comme la route qu'ils suivent : sans fin. On est vite happé par cette mise en forme qui ne tolère pas d'interruption, je n'ai d'ailleurs pas pu fermer le bouquin avant de l'avoir fini. Les conversations, brèves, entre père et fils sont retranscrites sans souci formel, et pour ce qu'ils se disent, point n'est besoin de guillemets ou de tirets. Troublant et happant.

-Le décor planté, qui prévoit toutes les difficultés possibles : montagne, plaine, mer, tous les cas de figure sont envisagés. C'est triste, tout est gris cendre, ou noir carbonisé, le feu est un ami/ennemi quasi imprévisible, qui se pointe souvent quand il faut pas, mais dont on dépend malgré tout. La neige grise, les nuages gris, la mer grise, les arbres morts, les orages omniprésents, les maisons humides, les cadavres abandonnés, où que l'oeil porte, la décrépitude est là.

-L'humanité : l'optimisme crasse du garçon, qui voudrait voir des gentils partout. Le vain combat du père, qui ne connaîtra pas de répit. Les autres humains, menaçants ou non, mais qui tous portent le désespoir en eux. Le fantôme de la mère du garçon, qui, plus lucide, ou moins obstinée, ne prendra pas la route. C'est réaliste (et vachement crade par moments, aussi) mais je vous rassure, il y a de l'espoir (mais y en a-t-il vraiment ?)

-Le mystère : que s'est-il passé ? En quelle année sommes-nous ? Qui était le père dans une autre vie ? Quel avenir pour l'enfant ? L'auteur nous laisse volontairement sans réponse. On devine à peine que l'enfant n'a jamais connu que ce monde, ce monde mort, et pourtant encore un peu vivant. On peut imaginer des tas de choses...

 - ce que je n'ai pas aimé dans le livre :

-Le mystère : ben oui, j'avoue, je suis une grosse curieuse, et j'aurais quand même bien aimé savoir ce qui était arrivé à notre pauvre terre pour qu'elle finisse comme ça...

-Le fait que le père n'essaie pas de stabiliser l'environnement, en prenant maison, par exemple. Après, je ne suis pas une spécialiste de la survie en monde post-apocalyptique (sauf en ce qui concerne les zombies), mais, s'il reste si peu de gens sur une surface aussi grande, on doit bien pouvoir limiter les risques de mauvaises rencontres. Non ?

-La répétitivité : assez inévitable dans ce genre de bouquin. La survie s'organise autour des trois éléments fondamentaux : boire, manger, dormir. Ensuite se pose la question du confort : sécurité, chaleur, défense. Ca reste redondant, malgré des décors changeants et des rencontres diverses.

-La couverture holographique "girly" : en l'achetant, je me suis posé la question. Destiné à être offert à un mec, un vrai, ça m'a fait rire que le bouquin soit habillé de la plus pouffe des manières. Mais quand même, chez Points, qu'est-ce qui vous a pris de choisir une couv' aussi éloignée de la thématique du livre ? Une couverture gris mat avec juste le titre en holographique, ç'aurait été parfait.



Une bien bonne lecture que celle-là. On suit avec intérêt et boule au ventre la trajectoire de l'homme et son fils, et on perd espoir à mesure de leur avancée. Avancée pénible pour eux, pour nous, on ne sait vers quoi ils vont, sinon plus de déception. Dans ce monde en déroute (!), on apprend que chopper un rhume peut être mortel, et que l'être humain n'est guère plus qu'un animal, donnez-lui juste le bon cadre pour qu'il s'en rende compte. Excellent bouquin (il a pas reçu le Pulitzer pour rien), qui m'a presque donné envie de voir le film.





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