Solitude
passagère, envie de lectures troubles, mon choix se porte sur H.P.
Lovecraft, et son Dagon récemment
acquis. Je me rappelle avoir lu les
montagnes hallucinées étant
ado, et avoir eu du mal à me détacher de l'empreinte malsaine que
cette nouvelle m'avait laissée. Dagon est un recueil de nouvelles
relativement courtes traitant de pas mal de thèmes chers à la
littérature d'épouvante : la réanimation de morts, les dieux
maléfiques, les rites sataniques, les fantômes...
+
ce que j'ai aimé dans le bouquin :
-la
diversité des situations, qui nous transportent du fin fond des mers
(Le temple) à la plus banale des petites maisons anglaises, et qui
nous baladent d'une époque l'autre, d'une réalité terre à terre à
une dimension parallèle. On voyage beaucoup, sans bouger de son
pieu. Entre légendes issues de lieux qui n'ont jamais existé et
sombres histoires très ancrées dans une réalité connue, palpable,
on fait naviguer son imagination.
-L'univers
"Lovecraft" : dans ses oeuvres, on retrouve fréquemment le
même babil rituel des anciens dieux, les mêmes dieux, les mêmes
évocations de livres maudits : son "Necronomicon" écrit
par l'Arabe fou Abdul Alazred, relié en peau humaine, fait partie de
ces livres vraiment maléfiques, un poil plus flippant que le journal
de Tom Jedusor (Harry Potter pour ceux qui auraient quitté la terre
cette dernière décennie). L'unité de ses créations épouvantables
donne une cohérence à ses lieux et temps si différents.
-Le
point de vue, immersif, est souvent celui d'un personnage de
l'histoire, qui nous conte ce qu'il a vu, entendu, vécu. Cela
contribue à donner un côté "réel" aux histoires de
Lovecraft. Parfois, l'auteur fait même de ses personnages de
parfaits cinglés, qui voient des choses étranges dans un monde
complètement banal. La question subsiste toujours : l'environnement
est-il vraiment dangereux-déformé-démoniaque ou bien est-ce
seulement ce gugusse qui a un peu trop tiré sur son oinj' ?
-ce
que je n'ai pas aimé dans le bouquin :
-c'est
parfois incompréhensible ou peut-être suis-je complètement
hermétique à l'onirisme fantastique ? Je ne sais pas mais en tous
cas, quelques nouvelles m'ont splendidement barbée. La poésie et
les dieux, par exemple, ou encore Azathoth. Mais heureusement -
gloire à Cthulhu ! - ces nouvelles n'excèdent pas quelques pages.
-la
fin de quelques nouvelles : Lovecraft met en place des éléments
idéaux pour des fins apocalyptiques, mais souvent, ça reste non
exploité, sans doute en grand rapport avec le fait que ses
narrateurs soient de doux dingues complètement flippés. D'où
certaines fins plates, n'atteignant pas leur but horrifique.
On
est dans le domaine de l'impalpable, de l'antique, c'est
principalement des ambiances glauques que vient le malaise ressenti
encore cette fois-ci à la lecture de ces nouvelles. Les faits sont
souvent secondaires, Lovecraft arrive à faire peur sans grand
renfort d'effets gore, on ne voit que très peu les "monstres",
voire ils sont absents. Je ne suis pas déçue de ce bouquin, et
si vous avez envie de faire connaissance avec un univers peuplé de
créatures étranges enfouies dans des lieux inaccessibles (pour le
moment ...) qui attendent leur heure pour exploser l'humanité, et
qu'en même temps vous voulez lire du bien écrit, allez-y.
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