Semaine
tranquille, pas loin de l'idéale, mais trop de bonheur tue le
bonheur, demain c'est lundi et me vient l'envie de me plomber l'ambiance toute seule, du
coup, je ne trouve rien de mieux à me mater que ... tadaaaaaaam
: American
History X,
film dont on m'a énormément parlé, que j'ai longuement hésité à
mater, le nazisme étant un sujet qui me met facilement hors de moi,
mais comme je suis d'un calme serein ces temps-ci, un peu de tempête
me ferait pas de mal !
Derek
est un jeune homme bien sous tous rapports qui bascule dans le
nazisme exacerbé le jour où son père -lui-même un brin raciste-
est tué par un dealer noir dans l'exercice de ses fonctions. Discret
dans ses actions et ses convictions, elles éclatent au grand jour
lors d'un repas familial accueillant un juif à sa table. Il commet
alors l'irréparable lorsque deux jeunes blacks tentent de lui tirer
sa caisse...
+ ce
que j'ai aimé dans le film :
-Les
rôles principaux, impeccables dans leur interprétation. J'aime
Edward Norton, qui une fois de plus, prouve sa puissance de
conviction dans son rôle de nazi en quête de rédemption. J'aime
aussi Edward Furlong, dont la nonchalance écrite sur son visage fait
merveille ici dans la dédramatisation d'idées abjectes.
-La
présentation des personnages : oui, le côté couillu de la famille
Vinyard est peu reluisant, leurs idées sont indéfendables, mais ils
ont aussi une famille, des amis, des femmes. A qui ils font du mal,
du bien, sur qui ils ont une influence. Les personnages ne sont pas
bêtement manichéens, il y a du bon et du mauvais dans chacun d'eux,
ils ont leur évolution propre. Les horreurs commises par Derek
mettent en lumière les injustices du système américain,
l'illusoire espoir de changer les choses, et l'impossible rédemption
pour qui en a trop fait, malgré une nette évolution positive.
-Les
astuces de mise en scène : dévoilée au coup par coup, l'horreur
prend toute sa dimension, entre paroles, faits et gestes. Alternance
noir et blanc/couleur, passé/présent, bien/mal, tout est fait pour
prendre le spectateur entre deux feux, et liberté lui est laissée
de choisir son camp à travers le procédé. Le suivi de l'écrit du
jeune Danny, qui au fur et à mesure qu'il pose les mots noir sur
blanc, se rend compte du côté bancal de la vie "exemplaire"
de son aîné, laisse songeur également.
- ce
que je n'ai pas aimé dans le film :
-Les
personnages féminins, pas mal inexistants, oscillant entre vulgarité
et insignifiance : la mère, qui ne se rend compte que bien trop tard
que la mauvaise graine est plantée et ne fait rien pour empêcher la
déchéance du second fils ; la meuf et la soeur de Derek, qui elles,
sont manichéennes au possible, et du coup, vachement irritantes. La
petite soeur, qui ne sert qu'à révéler un côté humain chez ses
frères.
-Les
institutions, en la personne des profs. Le proviseur, qui ne sait pas
bien où il en est et s'implique beaucoup, voire trop dans le devenir
de deux de ses élèves. Le prof juif (dont l'acteur joue le rôle du
père de Ross dans Friends, du coup, niveau crédibilité, j'ai eu du
mal) qui tente de séduire la mère Vinyard, aïe, aïe, aïe, vive
l'éthique. Des profs vraiment pas crédibles dans leurs
comportements.
-Le
détail de quelques scènes : l'expédition punitive dans le magasin,
l'exécution des deux voleurs de caisse, je pense que tout n'était
pas forcément bon à montrer. On se doute que la petite employée
asiatique va passer un sale quart d'heure, et on a bien compris en
quelques images qu'un jeune black va se faire démonter la tête,
était-il donc vraiment nécessaire de détailler le tout ? Je
m'interroge.
Un
vrai bon film sur les racines de la pensée croix gammée. Quelques
raccourcis faciles, notamment les passages en prison ("J'suis
pas raciste, j'ai même un pote noir"), la conclusion de la
dissert' de Danny ("le nazisme, c'est mal"), et le complet
retournement d'opinion, manifesté par la destruction des symboles.
J'ai eu du mal à croire à ce cheminement vers une vie meilleure. Ce
qui n'empêche pas le film d'asséner son propos, d'interpeller, de
faire réfléchir, en montrant l'idéologie et son contraire. Ca
percute, ça touche, sans toutefois atteindre la profondeur que j'en
attendais plus ou moins malgré moi. Oui, bon, ben même avec ça,
j'suis toujours de bonne humeur.
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