Boulimie
de lecture, foison de livres inconnus, parmi eux, Le
jeune homme, la mort et le temps,
bouquin dont le titre me laisse perplexe, bien que ne pouvant pas
être franchement nul, écrit qu'il est par Matheson, écrivain et
scénariste super-doué dont j'ai adoré les nouvelles et les romans.
Je me plonge dedans, et le début me happe en son univers à part...
Richard
C. Collier, jeune homme de 36 ans, est condamné. Il est malade,
inopérable, et il veut profiter peinard des six mois qu'il lui reste
à vivre. Au cours de son road trip, il s'arrête dans un magnifique
hôtel dont il visite les moindres recoins. Là, une vieille
photographie d'une actrice célèbre en son temps (et morte) retient
son attention. Pire, il tombe amoureux de l'image. De là, il va
tenter par tous les moyens de la rencontrer...
+
ce que j'ai aimé dans le livre :
-La
double temporalité : si on voyageait dans le temps, penserait-on à
tout ? Richard se prépare avec attention à son voyage vers le
passé, n'omettant aucun détail (ou presque) : monnaie de l'époque,
renseignements sur la vie de sa bien-aimée, historique de sa
carrière d'actrice, ses goûts. Plongée dans une fin de XIXè
siècle fort bien décrite, même dans ses détails les plus communs
: bouffe, vêture, etc. Dépaysant.
-L'histoire
d'amour : je ne suis pas spécialement amatrice de guimauve
dégoulinante, mais là, c'est bien foutu, on est loin du premier
Harlequin venu, et nombreux seront les obstacles à cet amour
extraordinaire, pré-destiné (si ce n'est post-destiné, difficile à
dire.) Un bémol, toutefois : une fois conquise, la demoiselle
devient assez exaspérante.
-L'inéluctabilité.
Au fur et à mesure de l'histoire, Richard se rend compte que cette
histoire qu'il vit s'est en réalité déjà produite, et que tous
les événements concordent. Malgré le fait qu'il sache que le temps
lui est compté, il ne peut malheureusement rien faire pour changer
le destin, et lorsqu'il comprend quel élément va lui être fatal,
il est déjà trop tard, et l'histoire se répète. Toutefois, pour
changer, ici, pas de boucle temporelle infinie.
-
ce que je n'ai pas aimé dans le livre :
-C'est
bien un bouquin écrit par un mec tiens. La belle actrice domptée,
le jeune nouveau couple finit par avoir son moment chambre close.
Evidemment, elle prend un pied d'enfer, et plusieurs fois d'affilée
en plus. Demandez à n'importe quelle nana si elle a connu l'extase
transcendentale dès le premier rapport charnel, et écoutez bien ce
qu'elle vous dira. De même, prenez n'importe quel mec de 36 ans
normalement constitué, et demandez-lui s'il peut honorer sa gironde
quatre fois en trois heures. Franchement, si c'était pour raconter
ça, il aurait mieux fait de s'abstenir, le Matheson, en élidant
habilement l'acte.
-Les
longueurs : quelques épisodes pas indispensables, d'autres trop
étendus, on aurait gagné en intensité à virer quelques passages
soporifiques.
-L'histoire
d'amour : charmante au début, c'est mignon sans être niais, on vire
quand même par moments au ridicule. Voir points ci-dessus.
Un
bon bouquin qui m'aura toutefois un tantinet déçue. Matheson, je le
découvre avec ce titre, n'a pas écrit que du grandiose. C'est très
sympathiques, pas mal barré, les personnages secondaires peuplent
agréablement le siècle décrit, mais j'ai attendu une apothéose
qui n'est pas venue. Le côté tragique et fataliste de l'ensemble
rattrape agréablement les défauts narratifs, mais à ne tenter que
si vous êtes suffisamment fan du bonhomme pour lui pardonner un
écrit en deçà de son génie habituel.
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